Interview

Favre : « Il faut sortir le bleu de travail »

En conférence de presse, Lucien Favre est revenu sur l’entame de match complètement ratée de son équipe et sur ses lacunes à la récupération.

Coach, c’est votre quatrième défaite consécutive, c’est inquiétant…
Si on prend les autres défaites, ce n’était pas inquiétant au niveau du jeu. Mais aujourd’hui ce n’était pas terrible. Certaines défaites font mal et prennent du temps à être digérées. Aujourd’hui on n’a pas bien débuté. Les 20 premières minutes, on se fait manger, il faut le dire. En passant en 4-2-3-1 ensuite c’était plus stable, on s’est remis a jouer normalement. On se crée une occasion et demi en première période, eux plus. A la mi-temps, on se dit qu’il faut rester tranquille car on a tout le temps de revenir. Si on met le 1-1 ça change tout psychologiquement. Mais on se prend un deuxième but trop vite, encore une fois. On a quelques occasions nettes ensuite mais il nous faut un penalty pour marquer…
Il ne faut pas cacher qu’il y a un problème d’équilibre global, de système. On est déséquilibrés. On n’est pas bons dans la récupération collective du ballon. L’an passé on pouvait faire un pressing très haut, pas cette année. Il faut trouver la solution pour qu’on soit plus efficace. On va devoir gagner des matchs a l’arraché. Je ne vois qu’une chose à faire : travailler.

Votre entame de match est complètement ratée… Est-ce un problème psychologique ?
Le 4-3-3 n’a pas fonctionné. On n’a pas récupéré de ballon, Strasbourg s’est créé trop d’occasions. On a bien senti que la défaite contre Marseille a fait beaucoup de mal. Aux joueurs mais aussi au staff. Mais il faut accepter et aller de l’avant. On n’a pas le choix. A Montpellier nous faisons un bon match, on a pas mal d’occasions et on ne marque pas. Ça fait beaucoup. Il y a une accumulation qui joue sur notre confiance. Mais pour retrouver cette confiance, il faut travailler à fond, se faire mal à l’entraînement même si en jouant tous les trois jours on ne peut pas faire des entraînements très intéressants en ce moment.
Il faut qu’on soit nettement meilleur dans la récupération du ballon. Aujourd’hui on a eu de gros trous, ça venait de partout. Il faut qu’on travaille à 11. Si vous le faites à 10, 9 ou 8, ce n’est pas possible, vous êtes mort.

Votre homologue Thierry Laurey qui vous a précédé en conférence de presse disait qu’il n’était pas inquiet pour Nice, que vous aviez de nombreuses circonstances atténuantes compte tenu du calendrier, de vos blessés…
(il coupe) On n’avancera pas en se cherchant ce genre d’excuse. Il faut oublier. L’an passé on jouait bien après les matchs de Coupe d’Europe même si on sait que c’est compliqué. Pour moi ce n’est pas le problème. Le problème c’est qu’on n’est pas solide. On ne fait pas le dernier effort, on a des oublis, on ne bouche pas certains angles de passe. Une accumulation de petits trucs. Ça commence devant, ça se poursuit au milieu et derrière.

Un mot sur l’absence de Balotelli ?
Il a pris un coup derrière le mollet contre la Lazio. On a testé hier mais c’était trop frais. Il faut voir comment ça évolue mais pour l’instant je ne suis pas inquiet pour sa participation contre Paris.

Son efficacité vous aurait fait du bien…
Mario a besoin de soutien. Et Alassane aussi. En jouant ensemble ils ont du soutien, c’est automatique. Le contre-coup c’est que notre milieu doit être capable de beaucoup défendre. Il faut trouver la complémentarité entre défendre, avoir des ailiers qui débordent, des milieux axiaux costauds etc. Mais en alignant les 2, on ne peut pas jouer en 4-3-3. Certains joueurs de mon effectif ne peuvent pas jouer dans tous les systèmes. Il reste à trouver l’équilibre pour avoir une bonne coordination attaque - défense.

En parlant de système, en changeant en cours de match ce soir vous en êtes à 4 systèmes différents en une semaine…
Avec l’Europe en milieu de semaine on a dû tourner et donc adapter le système. Comme je vous le disais, certains de mes joueurs ne peuvent pas jouer dans certains systèmes en raison de leur profil. Je vais devoir faire des choix. Mais il est sûr qu’il faudra bien qu’on se fixe sur 2, voire 3 systèmes maxi. Sinon on ne sait plus trop où on en est.

« On ne sera pas bons tant qu’on ne s’améliorera pas à la récupération du ballon »

On voit que l’absence de Seri au milieu est un gros handicap pour votre équipe…
Il a eu une préparation bâclée, avec la sélection en juin. Il est arrivé au stage de Divonne le dernier jour, il n’a pas pu faire de vraie préparation foncière. Il a joué contre l’Ajax sans être prêt. Ensuite il y a l’épisode du mercato, qui n’est pas terrible pour lui et peut-être compliqué à digérer, mais ça va, il y a pire. Je crois vous avoir dit à l’époque qu’il allait bien revenir mais allait forcément avoir un contre-coup derrière. Maintenant on va devoir faire sans lui jusqu’au 17-18 novembre, c’est comme ça.

Comment abordez-vous le match à Paris avec le contexte actuel et vos quatre défaites consécutives ?
Quand vous perdez… la confiance s’évapore vite. Mais il ne faut pas rester focalisé sur cette histoire de confiance. Il faut travailler à l’entraînement, être plus juste, retrouver de la stabilité. Mais je le redis, on ne sera pas bons tant qu’on ne s’améliorera pas à la récupération du ballon.

La situation comptable, avec 10 points en 10 matchs vous inquiète-t-elle ? Nice a beaucoup été habitué à regarder devant, pensez-vous à regarder derrière ?
Les autres font des points et nous non. Ça va vite. Notre départ de saison fut très très difficile pour le moins. On s’est repris en septembre mais là on est dans le dur à nouveau. Il faut être prêt à sortir le bleu de travail. Il faudra gagner des matchs « à la raclette » (sic). Le championnat est d’un très bon niveau, il n’y a pas une équipe faible. Il faut s’arracher. Sinon attention…

Peut-on employer le mot de crise ?
Ce sont des moments délicats. Il faut arriver à analyser le pourquoi du comment et rester serein. Il faut qu’on se remettre à jouer plus simplement. Parfois, on veut un peu trop, en se basant sur ce qu’on faisait la saison passée. On part devant sans imaginer qu’on va se faire contrer. Je dis toujours qu’une bonne équipe lorsqu'elle attaque pense déjà à défendre, et lorsqu’elle défend elle pense à attaquer. Ça, ça nous manque un petit peu.