Adversaire

Krasnodar, puissance émergente

Créé en 2008, le FK Krasnodar a connu une ascension fulgurante en une petite décennie. D'imposants moyens financiers, des résultats probants, un nouveau stade en construction et un effectif mélangeant les cultures et les profils : focus sur le prochain adversaire du Gym en Europa League. Pour assurer les présentations, OGCNICE.com a sollicité l'éclairage d'un des rédacteurs du site Footballski, spécialiste du football de l'est. Philippe Ray, qui suit les prestations du FKK et anime un compte twitter du club en Français, livre les grandes lignes d'une « nouvelle place forte du football russe ».

2008, le grand départ

En guise d'introduction, une question simple a été posée au spécialiste : comment une institution créée en 2008 a-t-elle pu se retrouver aussi vite aussi haut ? La réponse tient en un nom : « Sergei Galitsky, l'homme qui a créé le club et en est aujourd'hui le président. » L'homme sans qui rien ne serait possible. « C'est un oligarque, pose Philippe Ray, mais contrairement aux autres qui ont pu investir dans le football, lui est un véritable passionné. Le club historique de Krasnodar, c'est le Kuban. Après avoir tenté de le reprendre sans succès, Galitsky a décidé de créer le FKK en 2008. Le club démarre alors en 3e division. » Les comptes sont alors évidemment dans le vert.

Et si la compétitivité n'est pas encore au rendez-vous sur le terrain, la puissance du bâtisseur permet à l'équipe fanion de franchir les étapes à toute vitesse. Pour son premier exercice, l'équipe n'obtient pas les résultats nécessaires à une montée. Ses concurrents manquant de moyens, elle grimpe d'un étage avec sérénité. Le même schéma se reproduit la saison qui suit et, au bout de 2 ans de vie, le jeune FKK se retrouve dans l'élite du plus vaste pays du monde. « Tout a été vite, effectivement, abonde le spécialiste. Mais vu la politique du club, il aurait de toute manière accédé à la 1ère division. Ses moyens lui ont simplement permis de grandir plus vite. »

Philosophie

La politique mise en lumière fait sortir Krasnodar d'un schéma classique de « nouveau riche ». Ou du moins de idées reçues escortant ce statut. Point de transferts astronomiques ou de têtes d'affiche internationales, le club emprunte une autre voie. « Il souhaite se passer des grandes individualités pour miser sur la jeunesse - une somptueuse académie est d'ailleurs en train de sortir de terre. Il fait également confiance à de fortes individualités à la relance et recrute à l'étranger de manière astucieuse. » Les 3 mamelles d'une direction d'ensemble se lisent d'ailleurs clairement à la lumière des projecteurs. Derrière les hommes du cru et une base d'internationaux russes, les hommes forts s'inscrivent dans ces principes. Une colonie brésilienne (Ari, Joaozinho, Wanderson) met de la folie dans l'animation offensive.

Andreas Grandqvist (photo ci-dessus), capitaine de la Suède post-Zlatan, occupe l'axe de la défense, flanqué d'internationaux des différentes sélection de l'Est pour densifier le bloc, alors que Ragnar Sigthorsson, révélation islandaise du dernier euro, est parti à Fulham cet été. Derrière ce portrait d'ensemble, un homme, plus que quiconque, symbolise l'esprit Krasnodar : « Fedor Smolov, l'ancien paria du foot russe », s'enthousiasme Philippe Ray. « Un attaquant redevenu superbe et revenu en équipe nationale. C'est le meilleur buteur du dernier championnat (20 réalisations, sans pénalty frappé), il est reparti sur des bases élevées. Je pense qu'il dépassera Wanderson dans le futur et deviendra rapidement le meilleur réalisateur de l'histoire du club... »

Débuts européens

Dans le sillage de l'attaquant de la Sbornaïa - buteur lors du dernier match face au CSK Moscou, le FKK a lutté vaillamment pour le titre la saison passée, avant de décrocher du wagon de tête à 2 journées de la fin, de s'incliner en finale de la Coupe de Russie devant Rostov (qualifié en Ligue des Champions) et d'achever sa course au pied du podium. Une place lui ouvrant les portes de l'Europa League pour la 3e saison consécutive. Une compétition où, là encore, il franchit les étapes à toute allure. Qualifié pour les barrages , il cogne la Real Sociedad en 2014 / 2015, au terme d'une double confrontation (0-1, 3-0) et s'ouvre les portes de la phase finale, avant d'être éliminé d'un groupe compliqué (composé d'Everton, Lille et Wolfsburg), non sans avoir battu les Anglais chez eux avant de tirer le rideau. La saison suivante, les hommes d'Oleg Kononov terminent en tête de leur poule devant le Borussia Dortmund (photo ci-dessous) et le Paok Salonique. « L'équipe s'est faite éliminée en 16e de finale par le Sparta Prague (0-1, 0-3). Un match qui est tombé au mauvais moment, après une trêve hivernale particulièrement longue en Russie, Krasnodar était méconnaissable. »

Cette saison, les débuts du FKK en championnat ont été timides. Beaucoup de ses joueurs ont été victimes de pépins physiques, dont le maître à jouer Mamaev (qui devrait être absent contre le Gym). Sur le banc Ivan Shalimov a succédé à Oleg Kononov il y a peu, actant le début d'un redressement et d'une spirale positive. Victorieux à Salzbourg puis solide face à Rostov et le CSKA, l'actuel 6e du championnat russe accueille le Gym avec du vécu et la réputation d'équipe « joueuse et solide ».

Une équipe « souvent sous-estimée quand on ne la connait pas mais vraiment très forte », conclut Philippe Ray.

C.D.

Photo de une : FK Krasnodar