Interview

Smaïl Bouabdellah : « Nice, c'est super à regarder »

Il est l'un des visages de beIN SPORTS. L'une de ses voix. L'un de ses sourires. Volubile et collectif, Smaïl Bouabdellah (34 ans) possède un regard aiguisé sur le football national et international. L'animateur du fameux Multi Ligue 1, bon joueur de ballon "dans le civil", croque a pleines dents les rencontres qui s'enchaînent. Et attend avec un appétit féroce le sémillant Nice - Monaco qui débutera ce mercredi à 19h et sera retransmis sur la chaîne dont il porte les couleurs.

"Les deux équipes les plus en forme du moment"

Smaïl, mercredi soir, place au derby entre le Gym et Monaco : que vous inspire une telle affiche ?
Plus qu'un derby, c'est le 2e de la L1 qui reçoit le 1er. C'est génial de vivre ça sur beIN. La plus grosse affiche de la journée, elle est pour nous. Du coup un dispositif spécial va être mis en place. La rencontre sera le fil rouge du Multi Ligue 1, mais elle se vivra également en intégralité sur beIN SPORTS 2, commentée par Christophe Josse et Daniel Bravo. L'avant-match sera aussi un événement, avec des caméras de partout – sur Balotelli, Falcao, Jardim - pour entrer dans les coulisses de la rencontre et l'atmosphère particulière

Quel oeil porte-t-on, de Paris, sur ces derbys très locaux ?
Celui-ci est toujours très sympa. Pour être honnête, je préfère même quand il se déroule en Principauté. Ça me fait toujours marrer de voir le Louis-II envahi par les supporters niçois... Mais mercredi, ce sera surtout une super opposition dans le jeu. Un vrai choc.

Un choc européen ?
Je ne vais pas m'enflammer comme ça quand même (rires). Monaco est habitué de la Ligue des Champions. Nice dispute l'Europa League cette saison, et je pense que le club peut s'installer durablement en haut. L'affiche est alléchante, espérons que le match ressemble au Nice – Marseille d'il y a 10 jours...

Y a-t-il des derbies qui sont chers à votre coeur ?
J'aime les belles confrontations sportives. Quand les rivalités se déroulent ailleurs que sur le terrain, ça ne me plait pas vraiment. Etant de la région parisienne, je vais dire la rencontre entre le Racing – mon club – et le PSG, même si ça fait un moment qu'elle ne s'est pas déroulée en L1. Pour revenir à Nice – Monaco, je ne l'attends pas avec impatience parce que c'est un derby, mais bien parce qu'une belle opposition sportive s'annonce entre les deux équipes les plus en forme du moment.

Que vous inspire cette formation niçoise ?
Ça a pas mal bougé sur le banc et dans l'effectif cet été, mais l'idée reste la même. C'est agréable de voir évoluer cette équipe, avec des jeunes joueurs efficaces. Je suis toujours attentif aux milieux de terrain, et quand je vois ce que sont capables de faire des garçons comme Koziello et Seri... Ils te donnent envie de voir Nice jouer, c'est super à regarder. Ces deux joueurs n'ont pas participé à la dernière rencontre à Montpellier (Koziello était sur le banc et Seri pas dans le groupe) : c'est bien ! Ça signifie sûrement qu'ils ont été préservés pour ce match face à Monaco...

"J'aime les idées prônées"

En face, notamment au milieu, l'ASM a du répondant...
C'est sûr. Avec Elie (Baup), on a déjà commencé à parler de cette rencontre. Monaco a un groupe très fort. Il y aura deux systèmes l'un face à l'autre, chacun essayera de prendre le dessus, tentera de bloquer l'autre. J'ai hâte de voir ce que ça donnera tactiquement. Bakayoko et Fabinho sont aussi très performants dans l'entrejeu. Mais franchement, vos deux petits milieux, de qui ont-ils peur quand ils sont en forme ?

D'un oeil plus général, comment jugez-vous l'évolution du Gym ?
Avant, je n'avais pas d'image précise de l'OGC Nice. Pour moi, c'était un bon club de L1, bien installé, même s'il s'est fait quelques frayeurs certaines années. Je me suis toujours dit qu'une des plus grandes villes de France devait avoir un club qui joue le haut du tableau. Depuis 2 ans, c'est en train de devenir le cas et le club s'est fait une réputation grâce à son jeu. Avant, on parlait du jeu à la Nantaise, à la Lorientaise. Désormais, on parle d'un jeu « à la Niçoise », que ce soit les dernières saisons avec Claude Puel ou celle-ci avec Lucien Favre. J'aime les idées prônées, les jeunes lancés. De mémoire, je n'avais pas connu un tel jeu à Nice. Sauf il y a très longtemps, mais je n'étais pas né...

Un pronostic ?
Allez, je vais dire qu'il y aura 5 buts, donc un vainqueur. J'espère qu'il n'y aura pas un 0-0 tout pourri (sic) et qu'on va tous se faire plaisir. Messieurs, régalez-vous ! Tout est réuni pour que ce soit le cas. Avec l'horaire, les enfants qui sortent de l'école pourront suivre la rencontre. Si on peut vivre de belles émotions tous ensemble, c'est parfait !


Pour vous et "le Multi", la saison est repartie sur des chapeaux de roue...

La L1 enchaîne. Tant mieux, c'est ce qu'on aime. S'il pouvait d'ailleurs y avoir deux journées par semaine plus souvent, ce serait le top ! On ne peut pas toujours avoir des journées de folie. Depuis le début, on a du spectacle, des buts, du jeu : c'est magnifique. Samedi dernier, c'était un peu plus difficile en première période, même s'il y a eu de belles choses par la suite. En règle générale, on a une journée comme ça sur la phase aller et une sur les matchs retour. Maintenant, c'est derrière nous, et nous attendons la suite avec impatience.

Est-ce que, comme les joueurs, vous êtes de plus en plus compétitifs à mesure que le rythme s'accélère?
Non, nous on est bouillants depuis le début (rires). On n'a pas de préparation physique à faire l'été, tout va bien. Et avec le monde qui bosse sur le Multi, sur Dimanche L1 mais aussi tout au long de la semaine sur les différents programmes, tu es forcément en forme de suite. Avec Elie, nous ne sommes que la partie immergée de l'iceberg, mais derrière, des gens travaillent comme des fous pour faire vivre le foot de la plus belle des manières.

"Du ballon, du vrai. Un bonheur..."

Avec Elie Baup, justement, la paire semble sacrément rodée...
On aime parler de foot, tout simplement. Que ce soit de la L1, de la PH, de la DH, le championnat espagnol, la 2e division argentine... peu importe. Ce qui nous fait vibrer, c'est le ballon. La tactique. Trouver les clefs du match. Pour moi, c'est un privilège de partager le foot avec quelqu'un qui le connait aussi bien. Au-delà du coach qu'il est et des résultats qu'il a eus, c'est vraiment le passionné qui s'exprime. Quand il s'attaque à la tactique, c'est comme si tu es dans un vestiaire et que tu regardes le tableau noir. C'est du ballon, du vrai. Un bonheur.

Ces saisons côte à côte renforce-t-il les liens hors plateau ?
Bien sûr. Nous sommes devenus des amis. On kiffe le jeu et ce qu'on fait, mais la chose importante, c'est qu'on rigole tout le temps. La parole foot est infinie, il ne faut pas la rendre trop sérieuse. Tout ça ne reste qu'un jeu et franchement, on s'amuse beaucoup. Et je ne vous parle pas des matchs qu'on doit commenter en Angleterre... Elie maîtrise l'Espagnol, mais quand je l'entends parler Anglais à l'aéroport ou au resto, il faut que je me retienne... Oui, nous sommes amis. De vrais amis, qui partagent aussi des choses sur leur vie privée, hors travail. Des fois, on nous reproche même de trop rire...

En voyant tous les clubs en simultané, parvenez-vous à vous focaliser sur une seule formation ?

On ne se concentre pas sur une seule équipe mais sur tous les matchs. C'est difficile quand il ne se passe rien, mais quand ça s'emballe, c'est le meilleur. Il faut dire aussi que nous sommes sacrément aidés par les équipes qui sont derrière. David Benarous, pour ne citer que lui, est le cerveau de l'émission. Notre assurance. Il voit tout et on sait que quoi qu'il arrive, il est derrière. C'est un peu notre Carlos Mozer (défenseur de l'OM de 1989 à 1992) à nous. S'il lit ça, ça va lui faire plaisir, lui, le supporter de Paris...

La pression en plateau est-elle comparable à celle ressentie sur le terrain ?
Mais il n'y a pas de pression ! C'est autre chose que sur le terrain, il n'y a pas de routine. On s'amuse, on parle de foot. Quand les lumières s'allument, c'est parti. Ça se fait comme ça, il n'y a pas de stress...

C.D.

Crédits Photos : PANORAMIC / beIN SPORTS