Table ronde

« Des bases extraordinaires »

Les profils sont variés. Les horizons différents. Deux, Frédéric Gioria (adjoint) et Lionel Letizi (adjoint en charge des gardiens de but), ont été formés au Gym et y ont évolué en tant que joueurs avant de devenir entraîneurs. Un autre, Alexandre Dellal (adjoint en charge de la préparation physique), débute sa 5e année avec la tunique niçoise. Enfin le dernier venu, Adrian Ursea (adjoint), est arrivé cet été en même temps que Lucien Favre. En plein coeur de la préparation, le staff du Gym a pourtant décidé de parler d'une seule voix. Déjà uni et prêt à aller au combat.

Adrian, avant toute chose, comment es-tu arrivé au Gym ?
A. Ursea
Ce qui m'amené à Nice, c'est le fait que je connaissais Lucien. On s'était vus 6 semaines avant la reprise pour manger, parler de tactique, de méthodologie d'entraînement... Mais nous n'avions à aucun moment évoqué le travail. Lorsque j'ai appris dans les journaux sa nomination, je lui ai envoyé un petit message de félicitations, en lui disant que s'il avait besoin de quelqu'un pour lui donner un coup de main, j'étais là. J'avais envie de vivre une nouvelle expérience après 9 ans en tant que responsable technique de la formation à Neuchatel Xamax.


Ça s'est fait et je retrouve le niveau que j'ai connu par le passé. Je suis heureux comme un gamin qui découvre quelque chose, c'est une grande chance de connaître l'un des 5 championnats les plus forts d'Europe. J'appréhende ce nouveau défi avec beaucoup d'enthousiasme. Après, c'est bien joli l'enthousiasme, mais j'essaie surtout de vite trouver ma place pour qu'on soit performants tous ensemble.

Fred, toi qui est le plus ancien du staff, comment as-tu vécu la signature de Lucien Favre et Adrian Ursea cet été ?
F. Gioria Je pense que le club ne s'est pas trompé sur les 2 personnes. Lucien a connu des championnats différents, est passé par de grands clubs. Adrian c'est pareil. Humainement, ils se sont intégrés rapidement. Ce sont des gens simples qui connaissent le football, parce que chacun d'entre eux possède une grosse expérience. Mais avant la compétence ou toute autre chose, le plus important, comme je l'ai dit, c'est l'humain. Si on veut vivre une belle aventure, c'est essentiel de savoir que tout se passe bien entre nous. Sur ça, on ne s'est pas trompés, ils vont beaucoup apporter à l'OGC Nice et je suis très content de leur venue.

Avec deux changements mais un staff qui reste majoritairement en place, le renouveau se mêle à la continuité.
L. Letizi
Le club continue d'évoluer et de progresser. A titre personnel, commencer à travailler comme entraîneur avec Claude Puel et enchaîner avec Lucien Favre, c'est une chance. Au niveau de l'expérience, c'est ce qui se fait de mieux en Europe. J'ai beaucoup appris avec le premier, je pense que je vais beaucoup apprendre avec le second.


F. Gioria
C'est effectivement une chance. Après Claude, tu te demandes vraiment qui peut arriver, même si tu respectes tous les entraîneurs. Et là, tu prends Lucien... On ne le dit pas assez, mais il faut tirer un grand coup de chapeau à nos dirigeants et reconnaître ce qu'ils ont apporté au club. Travailler avec Claude - aux côtés de qui j'ai beaucoup appris- et enchaîner avec Lucien : qu'est-ce que tu veux de mieux ? Tous les matins, je dis à ma femme qu'elle a une chance incroyable de m'avoir rencontré, et que moi j'ai une chance incroyable de travailler au Gym, le club qui m'a formé et où j'ai joué (sourires de tout le staff).

Note-t-on déjà des changements au niveau de la philosophie générale ?
F. Gioria On passe sur autre chose. Un nouveau coach arrive. Il ne faut pas oublier ce qui s'est fait avant mais il ne faut pas non plus rester sur ça. Ça va être un nouvel effectif, une nouvelle façon de fonctionner. Par contre, ce qui est intéressant, c'est que Lucien aime le jeu, les beaux joueurs, ça repartira de derrière, on va également continuer à travailler ce qui a été fait avec l'incorporation des jeunes. C'est bien, on est vraiment dans la lignée du projet du club.

Dellal : "Nous avons cherché à nous adapter au coach, et lui a voulu s'adapter à ce qui a été fait avant"

Et au niveau de la préparation estivale ?
A. Dellal Bien sûr que certaines choses sont différentes. Mais c'est toujours une histoire de relation d'équipe et pas le fait d'une seule entité. Lucien donne des orientations et des directives en connaissance du calendrier qui arrive, et on travaille tous ensemble, on essaie de faire les meilleurs choix possible. Chaque année est une nouvelle histoire, il faut faire en sorte de ne pas reproduire les erreurs que l'on a pu commettre si on veut avancer.

Concernant uniquement l'aspect physique, quelles sont justement les grandes lignes ?
A. Dellal
L'objectif du coach, c'est de mettre tous les atouts en sa faveur pour que l'équipe soit la plus performante possible et que le club continue de progresser. On va donc poursuivre tout ce qui a été fait - comme l'a dit Fred - au niveau de l'intégration des jeunes, du suivi de leur préparation physique et des orientations des différents critères de performance athlétique. On va continuer à collaborer avec la CFA de Laurent Bonadei, comme on l'a toujours fait. On prend le même virage.


Les habitudes du groupe fanion ont-elle aussi évolué ?

A. Dellal
Lucien a été extraordinaire là-dessus : nous avons cherché à nous adapter à lui et lui a voulu s'adapter à ce qui a été fait avant. Il a pris connaissance de ce qui a été réalisé ces dernières années pour ne pas tout chambouler d'un coup – la manière ou le fonctionnement de l'entraînement. Progressivement, on va évoluer vers ce que lui veut, vers une préparation qui lui correspond un peu plus, mais ça va se faire naturellement. En terme de volume de travail, il a d'autres exigences : nous nous ajustons et nous adaptons. Ça passera par plus de pré et de post-tranining. On devra également chercher à être être encore plus précis au niveau du travail qu'on va mettre en place avec le staff médical, les kinés et préparateurs physique adjoints.

Les portiers étant toujours « un monde à part », va-t-on demander quelque chose de différent durant leur préparation ?
L. Letizi
Je m'adapte toujours à l'entraîneur principal, c'est lui qui décide. Pour l'instant, son fonctionnement me convient pour les gardiens, il n'y a pas de souci. Concernant mon rôle, il restera le même. De toutes manières nous, entraîneurs des gardiens, c'est dans nos gènes et on est à disposition de l'équipe. J'ai un peu discuté avec Lucien pour savoir ce qu'il attendait des gars, pour voir si nos gardiens – qui, soit dit en passant, sont très bons et travaillent très bien – correspondent à sa vision du foot. Maintenant, j'attends qu'à travers les entraînements et les matchs, lui aussi se fasse sa propre idée.

Lionel, toi qui a été formé ici comme Fred, y a débuté et achevé ta carrière de joueur avant d'intégrer le staff, quel regard portes-tu sur la transition s'étant opérée cet été ?
L. Letizi
Sur l'arrivée de Lucien et le rapport avec Adrian, on sent de suite que ça va bien se passer. Nous, on est là pour essayer de leur faire gagner un peu de temps sur l'intégration. Et eux sont là pour apporter de la nouveauté et nous faire sortir de notre routine. C'est très important d'avoir un staff uni, notamment pour faire face dans les moments un peu chauds.

Letizi : " Pourquoi pas nous aussi, dans 10 ans, peut-être lutter pour le titre ou faire la Champions League... "


L'unité et la communion, est-ce que ça se travaille ?

A. Ursea
Aujourd'hui, celui qui croit qu'il va réussir tout seul dans un effectif pro de 25 ou 26 joueurs se trompe. On a besoin des autres. C'est fondamental d'avoir ces relations, car les joueurs regardent le staff. C'est essentiel qu'il soit ensemble. Il va y avoir des bons moments et d'autres plus difficiles. Ce sera dans ces moments difficiles qu'il faudra ressortir ces qualités d'unité. J'étais responsable de 34 entraîneurs ces dernières années, je connais l'importance des relations dans le staff. Elles sont essentielles.


F. Gioria
Resserrer les rangs, c'est la base. Je reviens un peu en arrière. La dernière année où René (Marsiglia) était entraîneur (saison 2011 / 2012), je composais le staff avec Christian Schmidt (préparateur physique) et Bruno Valencony (entraîneur des gardiens), et on avait vécu 6 mois très difficiles. En interne, il y avait des tensions énormes entre les joueurs. S'il n'y avait pas cette unité entre nous, on ne se serait pas sauvés. D'ailleurs, ce fut un exploit de le faire... Si tu n'as pas un staff uni, c'est impossible de t'en sortir. Durant les 4 années avec Claude (Puel), il y a aussi eu quelques moments durs avec les supporters. Pareil, sans unité entre nous, ç'aurait été impossible. Quand tu finis 4e et que tout va bien, c'est plus facile. Mais à Nice, on a connu des années très dures. Le lien qu'on peut avoir entre nous, c'est la base de la base.

Arriver dès le début de la saison est-il une force ?
A. Ursea
C'était hyper important pour nous. On a bien discuté, c'était essentiel de vite pouvoir s'intégrer. Fred, Lio, Alex et tout le monde : ceux qui nous ont accueillis ont tout fait pour qu'on gagne du temps, car le temps passe et il est précieux. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié. Avec Lucien, on ne voulait pas bousculer les habitudes. Il va amener sa patte en douceur. Et puis ce n'était pas possible qu'on arrive sans tenir compte des spécificités et des informations que les gens nous font remonter. Ce n'est que comme ça que nous pourrons réussir à faire progresser le club et remplir le vrai objectif du projet : travailler avec les jeunes et avoir des résultats.

Vit-on de la même manière « le changement » quand on est entraîneur et joueur ?
F. Gioria
Dans le staff, nous avons tous notre place et notre rôle. On sait ce qu'il y a à faire. Lucien et Adrian viennent d'arriver, mais on dirait déjà qu'ils font partie du club depuis un moment. J'insiste là-dessus, mais si tu prends des mecs compétents mais tordus, ça ne peut pas le faire. Rien qu'avec ça, tu pars sur des bases extraordinaires. Mais ça, je le vois avec avec le recul d'adjoint. Quand tu es joueur, c'est différent, tu penses à toi, même si tu essaies de faire en sorte que tout aille bien. En tant qu'adjoint, tu ne dois rien laisser paraître, même quand ça ne va pas, sinon les joueurs peuvent s'engouffrer dans la moindre faille.

Adrian, est-ce important de travailler avec des gens qui sont des symboles du Gym au fort ancrage local ?
A.Ursea
Je suis évidemment content d'avoir la chance d'arriver et de pouvoir m'appuyer sur des gens "du cru". Ça donne de l'identité au club. Je sais ce que c'est, parce qu'à Neuchâtel, je tenais absolument à ce que le projet se fasse avec des personnes sur place. Je félicite le club car il a eu le courage de ne pas tout chambouler et de s'appuyer sur les gens d'ici. Je crois énormément à ces valeurs-là.

L. Letizi Avec Fred, c'est vrai qu'on a une identité niçoise, puisqu'on est Niçois et formés au club. Cependant, le club n'appartient qu'à son histoire, pas aux gens. Nous sommes contents de faire partie du projet, parce que ça nous tient à coeur. Nous avons vécu au club il y a quelques années, nous voyons l'évolution. A l'heure actuelle, on peut dire que le Gym n'a jamais été en aussi bonne santé. Que ce soit au niveau financier; au niveau médiatique, parce qu'on a donné tout au long de l'année dernière une bonne image dans la France entière ; ou au niveau des supporters, car ils restent comme nous sur une très belle saison. Tu as aussi le centre d'entraînement qui sort de terre, un stade magnifique. Quand on voit Nice aujourd'hui, en 2016, et que tu le compares à celui de 1996 ou d'il n'y a pas si longtemps, tu as envie de continuer. Et quand tu considères l'évolution d'un club comme Lyon, tu te dis : pourquoi pas nous ? Pourquoi pas nous aussi, dans 10 ans, peut-être lutter pour le titre ou faire la Champions League... C'est beau d'essayer d'apporter notre pierre à l'édifice pour faire progresser le club.

A. Dellal C'est une chance de rester longtemps dans un club, de mettre des choses en place, de les voir perdurer et évoluer. D'avoir la confiance de gars comme Fred et Lionel. Moi, je me suis intégré aux Niçois, ça s'est fait naturellement. C'est sûr que le nouveau centre et le projet sont la locomotive qui donne envie de voir plus loin. De développer l'histoire de l'OGC Nice, et en même temps d'en faire partie en y amenant sa pierre. C'est important de mettre tout en oeuvre pour pouvoir écrire de nouvelles pages, chacun dans son domaine de compétence, tout en étant dans une unité club, en restant basé sur l'identité de l'OGC Nice et en s'imprégnant de ses valeurs.

C.D.