Le témoin

Kolo : « J’espère qu’ils vont nous dépasser »

Il incarna « le projet niçois » avant que celui-ci ne soit projeté sous les feux de la rampe. Passé de Lyon au Gym à 21 ans – moment où la post-formation se termine et où le professionnalisme s'appréhende avec plus de maturité -, Timothée Kolodziejczak (24 ans) a tracé sa route à Nice durant deux saisons, avant de prendre son envol pour l'Europe. Défenseur polyvalent, Kolo' le gaucher s'imposa rapidement dans le couloir rouge et noir, avant de briller dans l'axe du FC Séville (7e de Liga). Au moment de monter dans l'avion qui le mène en Ukraine, où une demi-finale de Ligue Europa l'attend jeudi face au Shaktior Donetsk, le jeune ancien a décroché son téléphone avec tranquillité. Histoire de parler de lui, du Gym et de la suite.


Kolo', monter dans un avion pour jouer une demi-finale de Coupe d'Europe, ce n'est pas trop mal comme situation...

C'est vrai, c'est même très bien. C'est la 2e fois que je m'apprête à jouer une demi-finale de Coupe d'Europe en deux saisons, et c'est sûr qu'on prend plaisir en disputant de telles rencontres. En plus, la saison passée, on a été au bout. J'espère que cette année ce sera la même chose, même si rien ne sera facile.

Tu sembles donc t'être fait naturellement à ton nouveau club tout.
Oui, j'y ai pris goût. J'ai adoré mon passage au Gym, mais c'est vrai qu'en m'engageant en Liga et à Séville, je sens vraiment que j'ai passé un palier. Je joue des gros matchs tous les week-ends, dans de belles ambiances, on est sollicités tous les 3 jours. C'est un autre monde et forcément, quand tu es joueur, c'est un régal. Surtout que cette année, je joue pratiquement tous les matchs. Je pense qu'il reste une dernière marche à franchir pour pousser les portes du très haut niveau, mais je travaille dur pour pouvoir y penser...

Que penses-tu de ton installation définitive au poste de défenseur central ?
Je le connaissais déjà avant d'arriver en Espagne. A Nice, la dernière saison, j'y avais disputé une dizaine de matchs, mais j'y avais déjà évolué à Lens ou encore avec la CFA de Lyon. Je me sens bien dans l'axe, je prends du plaisir et j'essaye de donner le maximum pour être performant. Cependant, retrouver le couloir gauche à l'avenir ne me poserait pas de problèmes. En réalité, tant que je suis sur le terrain et que je donne tout ce que j'ai pour être performant, je suis content.

T'es-tu mis à l'Espagnol ?
Comme il y a pas mal de Français dans l'équipe (Adil Rami, Benoît Trémoulinas, Kévin Gameiro, Steven N'zonzi) j'avoue que je ne fais pas trop d'efforts. Mais ça va, j'ai les bases quand même.

Reviens-tu souvent sur la Côte d'Azur ?
La dernière fois que j'y étais, c'était pour les vacances de Noël. Depuis, comme les rencontres s'enchaînent, j'avoue que j'ai un peu moins de temps. Mais d'une manière générale, j'adore la Côte. Je vais profiter des grandes vacances pour la retrouver, et c'est ici que j'aimerais vivre après ma carrière...

Séville est une belle cité, mais Nice te paraît donc imbattable ?
Franchement, les deux villes sont très belles. L'avantage, c'est qu'il y a le soleil dans les 2 (il fait actuellement une trentaine de degrés en Andalousie). A Séville, tout est tranquille, les gens sont cools, la vie moins chère. Le seul inconvénient, c'est qu'il n'y a pas la mer comme à Nice. On va dire que chaque ville possède ses avantages, mais on vit très bien dans les 2...
 

« Pourquoi pas une Ligue des Champions ? »


Malgré ton emploi du temps chargé, suis-tu toujours performances du Gym ?

Bien sûr, je regarde pratiquement tous les matchs. Ce que fait l'équipe est très bon. Offensivement, c'est fort ce qu'elle démontre, le groupe joue vraiment très bien. Le seul petit facteur qui peut le pénaliser, c'est peut-être le manque d'expérience (Nice possède la plus jeune équipe d'Europe). Ça s'est notamment senti sur le match de Lyon, que le Gym aurait dû remporter.

A quelle place vois-tu l'équipe à la fin de saison ?
Difficile à dire, car ça dépendra aussi de ce que feront les concurrents directs. Mais pourquoi pas rêver de voir Nice en Ligue des Champions ? S'ils font le travail jusqu'au bout, ça peut être jouable. Plus largement, même une qualification en Ligue Europa serait une bonne chose pour le club. Tout va se jouer sur des détails, il faudra bien les négocier pour aller au bout.

Comme une certaine équipe de 2012 / 2013 à laquelle tu appartenais...
On avait vraiment fait une grosse saison ! Le championnat était très relevé. Après, je ne sais pas si le groupe qu'on avait avait plus de talent que celui qui est à la lutte aujourd'hui. Mais nous étions vraiment très solides, très solidaires. C'est ce qui nous avait permis d'aller au bout. J'espère que les joueurs actuels vont nous dépasser et finir plus haut, ce serait super pour tout le monde.

Cette jeune équipe t'a-t-elle bluffé ?
Comme tout le monde et comme tout le temps, au début de la saison, on dit que le Gym part pour jouer le maintien. Et puis à mesure que les rencontres se jouent, tu t'aperçois que l'équipe sort des gros matchs, qu'elle gagne, qu'elle avance. Les joueurs prennent du plaisir, ça se voit. Et puis, évidemment, on voit aussi l'importance du coach Puel. Quand tu as un entraîneur qui permet à un joueur ayant peut-être un potentiel moyen au départ de devenir un grand joueur, ça fait beaucoup de différence...

Tu as toujours eu une relation particulière avec Claude Puel.
Oui, et c'est normal. Je l'ai connu alors que j'avais 14 ans, c'est lui qui m'a lancé dans le grand bain à Lyon. C'est comme un père pour moi, cette relation sera toujours spéciale. Je l'ai souvent au téléphone, on parle de tout, du football mais aussi de la vie de tous les jours. Je sais qu'il essaye aussi de suivre les matchs, même s'il est un peu moins dur avec moi qu'il l'était avant (rires).

As-tu encore des joueurs niçois au téléphone ?
Bien sûr. Tiens, par exemple, j'étais au téléphone avec Mathieu (Bodmer) cet après-midi (mardi). J'ai encore régulièrement les joueurs, et je prends du plaisir à chaque fois que je reviens et que je vois les personnes qui ont compté pour moi.

Tu signerais pour un Nice-Séville en Coupe d'Europe la saison prochaine ?
Et comment ! Ce serait bien que l'on se croise dans un tel contexte. La Coupe d'Europe, c'est encore un autre monde. Quelque chose de fort. Mais pourquoi pas, ça me plairait bien...

As-tu un message que tu aimerais faire passer aux supporters ?
Ils sont toujours extraordinaires. Je les vois à la télé, ils restent toujours présents pour soutenir l'équipe. Pour un club, c'est important de pouvoir s'appuyer dessus. Maintenant, j'espère que le groupe va atteindre ses objectifs et que tout le monde pourra en profiter. Ce serait vraiment une belle fin de saison pour une équipe et une ville qui le méritent.

C.D.