Nice - Marseille

Pourquoi ça nous prend aux tripes ?

Après le déplacement à Monaco, un autre derby se profile : celui face à l'OM, dimanche à l'Allianz Riviera (coup d'envoi 21h). Un duel régional entre deux institutions complètement différentes. Deux mondes. Deux cultures. OGCNICE.com a tenté de comprendre pourquoi ce match prenait le Niçois aux tripes, en se penchant sur le côté historique de l'antagonisme.

Il est la voix du stade. Du Gym. Celle qui présente les acteurs et anime les soirées de matchs à domicile. Mais Fabrice Mauro est également un fervent supporter de la culture niçoise. « Un vrai de vrai », comme dirait l'autre. Ancien président de l'association Sian D'Aqui, il connaît sur le bout des doigts le passé de son comté. De sa ville et ses contrées. « Quand on me dit qu'il n'y a que 200 km entre Nice et Marseille, je réponds qu'il n'y en a même pas 30 entre Nice et l'Italie », avance le speaker des Rouge et Noir. Le la est donné d'un ton agréable. Celui-ci ne masque pas des convictions aussi profondes que ses racines. Des pousses solides plutôt tournées vers des frontières d'un autre temps.

« Pourquoi Nice et Marseille n'ont rien à voir ? Par rapport à leur histoire, reprend le passionné. Marseille, c'est la Provence, Nice c'est la Countéa. D'ailleurs le Niçois est une langue, tandis que les Marseillais parlent le Provençal.

Nous avons été séparés en 1388 par l'acte de dédition à la Savoie, parce que le peuple niçois n’était pas protégé mais délaissé par les seigneurs de Provence. Il s'est rattaché à la Savoie, avec notamment comme cousins directs les Piémontais, les Savoyards ou encore les Sardes. La musique, les vêtements, la gastronomie, la culture : les liens sont plus étroits avec ces derniers que les Marseillais. Marseille a toujours appartenu à la France (à partir du 15e siècle), pas nous. 

En 1860, le Comté a été annexé par Napoléon et la France. Un référendum avait été organisé pour inviter le peuple à se prononcer : il y avait eu 98 % de votes positifs. Petite précision : il n’était pas possible de voter «NON»... Du coup, Nice n'a pas eu le choix. »


« MINORITÉ OPPRIMÉE »

Capitale autonome, « la Bella » a ainsi vu la métropole marseillaise devenir le centre décisionnaire de la région. Alors même qu'elle s'était battue pour se détacher de l'état central quelques siècles auparavant.

Un rattachement qui ne lui a pas pour autant fait jeter son âme dans le Vieux-Port. « Notre culture s'est forgée sur un principe simple : celui des minorités parfois opprimées, comme l'ont été les Bretons, les Basques ou les Corses. C'est en cela que tout différencie les deux villes », poursuit Mauro.

Des raisons historiques qui, au 21e siècle, peuvent trouver un écho sportif, tant l'attente d'un derby semble plus forte côté niçois que marseillais. Comme si, en grossissant le trait, le « petit » voulait bouger un grand que l'Histoire lui a opposé, quand celui-ci se tourne vers d'autres batailles hexagonales. Des combats d'un autre temps qui peuvent nous expliquer pourquoi ce derby demeure si particulier...

C.D.