Interview

Germain, 100% derby

8 août 2015. Le Gym reçoit Monaco à l'Allianz Riviera. Pour son premier match officiel sous ses nouvelles couleurs, Valère Germain joue un vilain tour à son club formateur, en inscrivant un but au bout de 7 minutes. Les Rouge et Noir s'inclinent (1-2), mais ce qu'ils montrent dans le jeu augure le meilleur. 6 mois plus tard, les espoirs ont trouvé un véritable prolongement : le Gym (3e) s'apprête à défier Monaco (2e) au Louis-II, à 3 unités de son hôte. Valère s'est imposé comme l'un des leaders du groupe de Claude Puel, et retourne pour la première fois sur la pelouse princière avec un autre maillot. L'occasion pour OGCNICE.com de retrouver la pointe pour une interview 100 % derby.

Valère, tout d'abord, qu'est-ce qui te vient à l'esprit quand tu entends le mot « derby » ?
Un des matchs les plus importants pour les supporters. Là, en plus, celui entre Nice et Monaco est l'un des plus proches géographiquement. Il y a d'autres gros derbys, mais celui-là, il est vraiment tout à côté... Moi, je l'ai connu avec Monaco, et on savait à chaque fois que Nice allait remplir les travées du Louis-II. Là, je vais vivre ça avec le maillot niçois. J'ai sacrément hâte...

Quels sont " les gros matchs " qui ont compté pour toi avant d'être pro ?
Je suis né à Marseille, donc ce n'était pas un derby, mais plutôt Marseille – Paris. C'était bouillant dans les années 90, là ça s'est un peu calmé, mais c'est toujours très chaud entre Nice et Monaco, Nice et Bastia, Lyon et St-Etienne... C'est quand même à chaque fois des matchs avec beaucoup d'envie. Des rendez-vous très importants. Surtout pour les supporters et le club. Il faudra être à 100 % pour gagner.

On dit souvent qu'un derby ne se joue pas mais qu'il se gagne. Comment se gagne-t-il ?
A la grinta et sur les détails, comme c'est d'ailleurs souvent le cas pour les gros matchs. Si les deux équipes ont autant envie l'une que l'autre, ça se jouera sur des petites choses qu'il faudra savoir maîtriser. Nous devrons aussi mieux jouer les coups que notre adversaire, quoi qu'il arrive.

Samedi, tu entreras au Louis-II pour la première fois de ta carrière avec d'autres couleurs...
Ça va me faire bizarre de retourner à Monaco, là où j'ai tout connu. Rien que d'entrer dans le stade et de prendre la direction du vestiaire visiteur, ce sera différent. Même à l'échauffement, ce sera sans doute particulier. Mais je vais essayer de rester concentré sur ce match, en me disant qu'il faut le prendre comme les autres. Si je suis sur le terrain, l'objectif est simple : tout donner. Me mettre au service de l'équipe à 100 % et tout faire pour qu'elle gagne. Aujourd'hui, je suis sous les couleurs niçoises : j'ai envie que l'on remporte tous les matchs, même si c'est au Louis-II. Je veux continuer à avancer avec cette équipe dans le championnat.

" Notre fougue et notre envie "

Cette fois, tu seras un visiteur, mais il y aura beaucoup de bruit derrière toi...
J'ai vu qu'il y avait 2000 places réservées pour les Niçois. Il y en aura sûrement plus dans le stade. J'espère que le Louis-II sera plein. C'est un très beau stade, il y aura sans doute une belle pelouse. J'espère aussi qu'il y aura beaucoup de supporters monégasques, pour qu'on fasse une grande fête tous ensemble. Même si c'est souvent chaud entre fans, je souhaite que ce soit un beau match et qu'on gagne à la fin.

Les choses sont-elles différentes par rapport au match aller ?
Oui. A l'aller, il y avait Layvin Kurzawa, qui avait marqué un but ou encore Anthony Martial : ils avaient beaucoup apporté mais ne sont plus là. D'autres éléments sont également différents. On sait que Monaco est une grande équipe, toujours bien placée, même si elle n'a pas un jeu extraordinaire. Elle possède l'expérience et arrive à gagner ses matchs. C'est ce qui compte dans le foot. Je connais très bien pas mal de joueurs, surtout ceux avec qui j'évolue depuis la L2, ceux avec qui j'ai tout connu. Je garde pas mal d'amis dans ce groupe... Ça va être bizarre comme à l'aller. Mais quand tu joues contre ton ancien club, tu as toujours envie de donner quelque chose en plus. Il y a une force en toi que tu essaies de mettre à tous les matchs mais qui est décuplée dans ces cas-là. J'espère que ça se passera bien pour nous...

Toi qui connais bien cette équipe : comment la bouger ?
Même quand ils sont dans des temps faibles, ils prennent très peu de buts. Ils arrivent toujours à ressortir et à aller marquer... Le dernier exemple qui me semble parlant est le match face à Lorient. En 1ère mi-temps, ils étaient passés complètement au travers mais n'avaient pas encaissé de but. Et puis finalement, ils ont marqué sur une action anodine et ont tout plié en 10 minutes (victoire 2-0). C'est aussi ça la force des grandes équipes, où se trouvent pas mal de joueurs d'expérience. Nous, nous sommes assez jeunes, donc on va essayer d'apporter notre fougue et notre envie. Si on arrive à exposer cette fraîcheur, notre fraîcheur, on arrivera à gagner.

" Il faudra être aidé par les Niçois "

Si on t'avait dit, à ton arrivée à Nice, que ce duel serait une rencontre de haut de tableau à cette période, ça t'aurait étonné ?
Au tout début, peut-être. Après nos matchs amicaux, plus du tout, car je savais qu'on avait une très bonne équipe et qu'on pouvait faire quelque chose en championnat. Etre aussi bien placé en février, c'est très bien. Mais on sait que le championnat reste très serré, donc prudence. Ce sera un choc, et j'espère qu'on va sortir une grosse performance pour leur passer devant.

Les « chambrages » ont-ils déjà commencé avec tes collègues monégasques ?
Là, je ne l'ai pas encore fait, mais je vais quand même envoyer un petit texto avant le match aux joueurs dont je suis resté assez proche (Subasic, Dirar, Bakayoko, Toulalan...) J'ai pas mal de potes là-bas, on s'est vu quelques fois cette année pour aller manger au resto. J'espère qu'ils feront un bon match... mais qu'on le gagnera nous !

Après Monaco, il y aura Marseille et Bastia en février. L'électricité qu'il peut y avoir dans ces derbies, est-ce qu'on l'apprécie quand on est sur le terrain ?
Bien sûr. Il y a toujours une belle ambiance à l'Allianz Riviera, mais j'espère que les supporters vont venir un peu plus nombreux, même si je suis conscient que certains horaires ne sont pas faciles pour les gens qui travaillent. Je pense que si on arrive à être soutenu encore plus massivement, on pourra faire encore mieux. Dans pas longtemps, il y aura le sprint final. Il faudra être aidé par les Niçois, parce qu'on sait très bien que, quand ils sont là, ils nous donnent une puissance supplémentaire qui peut nous permettre de gagner certains matchs, comme ce fut le cas contre Angers ou Toulouse.

Est-ce que les batailles régionales peuvent vous permettre de rêver à un beau destin national ?
Chaque chose en son temps. Sur la première partie de saison, à part Monaco, on a réussi à faire de beaux résultats dans les gros matchs. Que ce soit Bastia, Marseille ou St-Etienne. Chaque partie chaude, nous l'avions remportée. J'espère qu'il en sera de même sur la 2e partie de saison, car ça va compter. Que ce soit Sainté ou Marseille, ces équipes restent à côté de nous. Si on est en avance, il faudra l'accentuer. Si on est en retard comme pour Monaco, il faut réduire l'espace, et pourquoi pas pas passer devant.

A titre personnel, tu as marqué à Marseille et à Bastia à l'aller. La notion de match chaud et proche a l'air de t'inspirer...
Je n'avais pas marqué à St-Etienne (une passe décisive à son actif à Geoffroy Guichard), mais on avait fait une telle prestation collective que ce n'était pas grave (sourires). Monaco, Bastia, Marseille : j'ai réussi à marquer à chaque fois lors de la phase aller, j'espère que ce sera encore le cas. Mais j'espère surtout qu'on arrivera à gagner ces matchs, pour continuer sur une belle lancée et bien finir l'année. Surtout qu'il y a moyen de faire de belles choses cette saison...

C.D.