1986, 1996, 2013,...

Souvenirs de victoires à Furiani

Ils sont 39 (coachs compris) à l’avoir fait. A s’être imposé à Furiani, sous les couleurs de l’OGC Nice. Car en 46 ans et 22 déplacements en Ligue 1, seules trois formations niçoises sont rentrées victorieuses de Bastia.

Le dernier succès est proche de nous. Il est encore dans toutes les têtes. En février 2013, « l’année de la 4e place », l’équipe de Claude Puel a mis fin à près de 20 ans d’attente. Et a reçu un accueil triomphal à l’aéroport dans la nuit.

Auparavant, deux autres générations de Rouge et Noir ont fait tomber le Sporting dans son antre. Le 11 de Sérafin en 1986, puis celui d’Emon, dix ans plus tard. OGCNice.com revisite, avec ses acteurs, ces derbies victorieux.

 

Le 4 avril 1986 : Bastia 0-1 Nice

« Nous venions de remonter en première division, et nous accomplissions une belle saison en produisant un jeu chatoyant. Nous avions même failli à un moment accrocher l’Europe », se souvient Jean Serafin, à la tête du Gym en 1986, lors de la toute première victoire niçoise à Bastia.

« Ce derby était déjà particulier à l’époque. Il s’était passé beaucoup de choses par le passé. Moi-même, j’avais encore en tête un souvenir spécial de Furiani, en tant que joueur de Valenciennes. J’avais sauvé un but, de la même façon que Pancho Gonzalez en finale de la coupe 54, en retourné acrobatique. En évitant la défaite à mon équipe, cela avait entraîné la descente des Bastiais en D2. Nous étions restés bloqués jusqu’à 4 heures du matin dans notre vestiaire ! ».

En 1986 aussi, le Sporting est condamné à la relégation. Mais pas sur cette rencontre. Face à la lanterne rouge, les Aiglons parviendront à faire la décision en fin de première période. Sur un long ballon de Lefebvre en direction de Dominguez, Furlan (futur entraîneur de Troyes) s’interposait et… trompait Jallamion, son gardien (0-1).

L’équipe : Amitrano- Rico, Blanc, Dréossi, Curbelo, Françoise, Lefebvre, C.Massa, Dominguez, Bernad, Barrera. Entraîneur : Sérafin.

 

Le 11 mai 1996 : Bastia 1-2 Nice

Un an avant de s’y qualifier en Coupe de France (voir plus bas), l’OGC Nice avait déjà pris l’ascendant en s’imposant à l’aller comme au retour contre Bastia. Avec à chaque fois, un héros nommé Debbah. Deux buts au Ray (victoire 3-1) et deux autres à Furiani (1-2). « Ah, James… Il était phénoménal. Il pouvait nous faire gagner les matchs à lui tout seul quand il était dans un bon jour. Du coup, tout le monde était frustré quand ce n’était pas ça », se souvient Thierry Crétier.

Le défenseur garde cependant un autre souvenir des déplacements à Bastia. Une petite anecdote sur leur contexte : « Une fois, Olivier (Fugen) avait pris un coup. Il était soigné sur le bord du terrain par les pompiers. Et ils avaient tout fait pour l’occuper le maximum de temps pour qu’il ne reprenne pas immédiatement le jeu et qu’on reste à 10. Des petites choses comme ça. Mais dans l’ensemble, tout s’est toujours bien passé, même si c’était chaud ».

« Chaud », c’est également le qualificatif qu’utilise Fugen en se remémorant ses différentes venues sur l’Ile de Beauté. « Rien que l’arrivée au stade, où on devait longer les tribunes pour arriver jusqu’à notre vestiaire… ». Des derbies où toute faiblesse apparente est rédhibitoire. « C’était le seul match où l’on demandait aux kinés de ne pas faire de strapping pour ne pas attirer l’attention et devenir des cibles pour l’adversaire », souligne le vainqueur de la Coupe 1997.

« C’était houleux, celui de 1996 n’avait pas fait exception à la règle. Mais c’était des bons matchs à jouer. Des bons derbies. Et, à titre personnel, c’est même à Bastia que j’ai débuté avec l’équipe première en 1991. Je n’étais même pas pro, j’étais encore stagiaire », se souvient avec plaisir Olivier Fugen.

« Gagner là-bas reste un exploit. Encore aujourd’hui. Toutes les équipes ont du mal à Furiani. On l’a encore vu avec le Paris Saint-Germain (défait 4-2 cette saison) ».

L’équipe : Létizi- Mattio (Vannucchi, 37e), Calégari, Fugen, Crétier, Gomis, Gnako, De Neef, Mangione (Chaouch 83e), Nagbé, Debbah. Entraîneur : Emon.

 

Le 16 février 2013 : Bastia 0-1 Nice

​1.500 spectateurs en 1986. 3.000 en 1996. Ils sont cette fois près de 15.000 (14.551) en 2013 pour la première venue de l’OGC Nice à Bastia depuis 8 ans, et après trois matchs de suspension d’Armand-Cesari. Ils vont être déçus.

Dario Cvitanich est absent. Neal Maupay n’a même pas encore 17 ans mais il assure brillamment l’intérim. Le pitchoun va inscrire à Furiani son 3e but en professionnel. Pas le moins important. « Il a énormément compté. C’était très serré, et le match s’est joué là-dessus », apprécie-t-il, deux ans plus tard.

« J’avais déjà joué et gagné en Corse en jeunes, mais là, avec les pros, c’était encore autre chose, et beaucoup plus de pression autour du match ».

Le Gym, qui enregistre ce soir-là les (bons) débuts de Grégoire Puel en l’absence de Genevois et Palun, tombe d’abord sur un solide Landreau. Mais finit par faire la différence à l’heure de jeu (0-1), par Maupay, qui reprend une volée d’Abriel, en renard des surfaces.

Au-delà de ce but et des 90 minutes, c’est principalement l’après qui reste gravé dans les mémoires. Un retour triomphal à l’aéroport de Nice à une heure du matin. « Jamais on n’aurait imaginé qu’il y aurait tout ce monde », s’en étonne encore Maupay. « J’étais dans les premiers à sortir pour prendre les bagages, on ne voyait rien. Et d’un coup, la porte s’ouvre et on voit déferler sur nous plusieurs centaines de nos supporters. Ils chantent, nous félicitent,… C’est un des plus beaux moments que j’ai vécus jusqu’ici ».

L’équipe : Ospina- G. Puel, Civelli, Pejcinovic (Gomis, 72e), Kolodziejczak- Anin, Digard (cap.) - Eysseric, Abriel, Bauthéac – Maupay. Entraîneur : Puel.

 

Et aussi…

Le 7 février 1997 : Bastia 2-2 Nice (qualif' 4 t.a.b. 3)

Trompé deux fois par Debbah en 1996, Valencony a le « bon » maillot un an plus tard. Et le transfuge va être définitivement adopté par ses nouveaux supporters lors de deux séances de tirs au but homériques. Toutes deux en Coupe de France, en 1997. La première « chez lui » à Bastia, en 16e. La seconde au Parc, en finale, contre Guingamp.

Pour s’ouvrir la route vers Paris où Fred Gioria soulèvera le trophée, l’équipe de Takac aura ainsi créé la surprise à Furiani après avoir éliminé Valence en 32e de finale. Pas une victoire à proprement parlé (score final 2-2, buts de Savini et De Neef), mais une qualification que personne n’a oublié.

L’équipe : Valencony- Tatarian, Salimi, Crétier, Gomis- De Neef, Gioria, Savini (Onorati 84e)- Milinkovic, Kubica, Pottier. Entraîneur : Takac.