Retour sur le derby

On en redemande !

Une équipe joueuse, des hommes prêts à se transcender pour avancer, une atmosphère survoltée : les symptômes de la fièvre éprouvée par l'Allianz Riviera vendredi soir sont de nature à rassurer les amoureux du Gym. Ce coup de chaud n'est pas le fruit du hasard et résulte, au contraire, d'une remise en question collective, d'une hausse visible du niveau des performances individuelles et d'une confiance retrouvée. Autant d'ingrédients qu'il convient désormais de mixer avec régularité pour attiser la flamme et entretenir le feu sacré.

Les deux gifles reçues coup sur coup dans le Nord (face à Lens en fin d'année et à Valenciennes lors du premier match de 2015) seraient-elles un mal pour un bien ? Certes, une aventure en Coupe ne se refuse jamais, et une trêve hivernale passée loin de la zone de relégation aurait apporté un peu plus de sérénité avant le lancement de la phase retour. Cependant, on ne peut passer à côté de l'évidence : après avoir suscité des interrogations chez les observateurs et les supporters, le Gym va beaucoup mieux et a apporté de nombreuses réponses. Elles ont donné l'idée d'une prise de conscience d'un potentiel qui peut déplacer des montagnes.

Depuis son retour au championnat face à Lorient, l'équipe a trouvé un certain équilibre, qui se manifeste par l'émergence d'un 11-type (à part Bodmer qui a débuté face à Lorient, Claude Puel a aligné trois fois la même composition lors des 3 victoires) bien articulé dans un 4-2-3-1 qui offre de nombreuses possibilités. Défensivement, le groupe va bien, bouge en bloc, fait les efforts. Offensivement, il laisse parler ses artistes, Eysseric à gauche et Bauthéac à droite, une inversion des milieux excentrés qui incarne la belle nouveauté de cette année 2015. Les deux hommes, de retour à leur meilleur niveau, créent des différences énormes, sont toujours aussi précis sur phases arrêtées et ont trouvé dans le très remuant Plea le complément idoine sur le front de l'attaque. Résultat ? Les Azuréens font souvent corps d'entrée de jeu et lâchent les chevaux après la pause, une tendance qui s'illustre parfaitement dans une stat' : les trois victoires consécutives de janvier (une série qui n'était plus arrivée depuis 2012) ont été validées lors de secondes périodes enlevées. Une bonne habitude qui conduit le club à faire son meilleur début d'année civile depuis... 1966 !

Savourer et repartir au charbon

D'un point de vue comptable, l'embellie de la nouvelle année aura permis aux Rouge et Noir de prendre de la distance sur la zone de relégation. Mais les points ne reflètent pas toujours pleinement le fond des sentiments. Vendredi soir, la magnifique victoire contre l'OM (2-1) valait assurément plus que trois agréables unités, et il n'y avait qu'à jeter un oeil sur des tribunes en ébullition pour s'apercevoir de la portée d'un nouveau succès face au « grand » voisin marseillais (le 4e lors des 5 dernières confrontations, tout de même...). Une victoire acquise les armes à la main, face aux éléments, le buste bien droit. Une question d'honneur. Bref, le genre d'événements qui peut marquer une saison si la recette qui en a fait un succès est resservie dans la durée, comme nous le résumait rapidement le coach Claude Puel à la fin de la soirée : « Même à 10, on a fait un match superbe dans l'attitude, la solidarité, l'abnégation. Maintenant, on peut toujours faire mieux au niveau technique. La victoire est méritée, mais ça demande confirmation ».

Car derrière la ferveur et la joie populaire d'un vendredi pas vraiment ordinaire, le championnat reprendra vite ses droits avec, dès samedi prochain, un déplacement périlleux à St-Symphorien face à Metz. L'occasion de prouver que les deux précédents voyages dans la moitié nord du pays appartiennent définitivement au passé...

Constantin Djivas