Réduit à 10 durant une grosse demi-heure, le Gym a su aller au bout de lui-même pour décrocher une magnifique victoire face à l'OM (2-1). Solidaires, hargneux et sublimes d'abnégation, les Rouge et Noir ont véritablement fait chavirer l'Allianz Riviera, qui n'attendait que ça. Le derby est niçois. La fierté immense.

Bataille tactique, combats d'hommes

Oubliées les entames de matches délicates et la meurtrissure de l'aller : ce soir, Nice est entré dans son derby comme il fallait : avec mordant, détermination et agressivité. Chauffé par une ambiance électrique qui transforma chaque impact en clameur, le groupe de Claude Puel croqua rapidement dans une rencontre intelligente et engagée, répondant parfaitement au défi tactique imposé par le visiteur marseillais. Nous nous demandions, avant la rencontre, comment répondre à la partie d'échecs imposée par le milieu marseillais à la fois fin, mobile et puissant ? L'entrejeu rouge et noir apporta rapidement une réponse en se calquant sur son redoutable voisin ! Papy bien décroché gêna sans cesse Payet dans ses déplacements, Niklas Hult – très actif – ne cessa de traquer Imbula dans les grands espaces, pendant que Carlos Eduardo tenta (souvent avec succès) de couper les communications avec le premier relai Romao. Ces choix pertinents permirent de contenir l'OM dans la durée, malgré les quelques occasions concédées dès que l'étreinte se desserra. Mais ni le débordement de Thauvin bien dégagé par Gomis (11e minute), ni la reprise mal assurée de Batshuayi (15e), ou le plat du pied à côté de Payet (26e) ne parvinrent réellement à mettre Hassen à contribution. Une aubaine pour de solides Niçois bien décidés à ne pas fermer les débats et à jouer crânement leur chance. De bonnes intentions récompensées par des occasions infructueuses, Plea croisant trop son ballon d'entrée de jeu (8e) et ne cadrant pas sa tête suite à un coup-franc de Bauthéac dans la foulée (22e).

Au terme d'une première période disputée avec beaucoup de rythme et marquée par des duels très âpres – et notamment par un face à face très musclé Amavi-Gignac- les 22 acteurs rentrèrent aux vestiaires dans la neutralité (0-0).

Même à 10 !

Mais si le Gym croqua rapidement dans les premières minutes du match, il dévora carrément à pleines dents celles du second acte. Nous disputions alors la 47e minute et, sur un coup-franc cafouillé de Bauthéac, Eysseric récupéra le cuir côté gauche pour adresser un centre plein axe sur lequel Genevois s'arracha pour ouvrir la marque. Explosion de l'Allianz Riviera qui voyait enfin les efforts niçois récompensés... mais qui trembla dans la foulée lorsque Gomis se fit expulser très sévèrement à cause de deux fautes successives.

Le Gym à 10 et menant au score : le scénario se compliqua mais rendit les débats encore plus pimentés, car les locaux continuèrent à lutter en proposant du jeu -comme en atteste la frappe un peu écrasée de Mendy peu après la réduction numérique (61e) – mais, surtout, en laissant leurs coeurs et leurs tripes sur le pré. Cette « grinta » se confronta d'ailleurs rapidement au coaching de Marcelo Bielsa qui n'hésita pas à révolutionner son équipe à l'heure de jeu, en faisant sortir Lemina (arrière droit du soir) pour faire rentrer Omrani à gauche,  reculer Romao derrière, passer Dja Djé Djé et Thauvin à droite, et grimper Gignac en pointe aux côtés de Batshuayi. Ces nombreux changements ne suffirent pas à faire déchanter des Aiglons en « mode commando ». Ceux-ci résistèrent dans un premier temps et, sur un contre éclair, Niklas Hult, énorme ce soir, conclut une offrande de Plea, lui même subtilement lancé par Bauthéac (77e). Le break était fait. Il fut suivi par la réduction du score pleine de sang-froid et d'adresse de Thauvin, le Phocéen le plus dangereux (77e), puis par une logique domination marseillaise. Une domination restée stérile grâce à une « défense cocotte » et une attitude exemplaire. Les frappes de l'ancien bastiais (81e) et de Batshuayi (82e) n'y changèrent rien. Ce soir, rien ne pouvait échapper à ces Niçois-là.

Constantin Djivas

---