La grande interview (1/2)

« Quand tu es solide et solidaire... »

Handicapé par une tenace blessure au mollet, le capitaine des Aiglons n'avait, avant le derby, disputé que 30 petites minutes de championnat lors de la première journée. Samedi au Louis II, ses retrouvailles avec le terrain ont coïncidé avec le deuxième succès consécutif de son équipe. Son absence, son avis sur le groupe, sa nouvelle conception du football : Didier Digard se livre en longueur. Première partie.

Didier, l'équipe semble soulagée...
La semaine écoulée a été bonne. Lorsque j'ai repris l'entraînement collectif, avant Lille, j'ai senti le groupe pressé de retrouver la victoire. Les gars étaient marqués par la mésaventure à Nantes. Ils tenaient à rectifier le tir.

Quelle était la nature de ta blessure ?
Il s'agit d'une déchirure au mollet qui s'est avérée assez complexe. Je l'ai traînée depuis le 8 février. La douleur s'en allait, puis revenait. Le staff médical, les préparateurs physiques ont bien travaillé dessus. Petit à petit, on a réussi à s'en sortir. La sensation ? Même si j'ai essayé contre Toulouse, c'était franchement impossible de jouer.

Comment as-tu vécu ton indisponibilité ?
Quand l'équipe gagne, tu partages sa joie. Tu supportes plus facilement la douleur. Mais lorsque les résultats sont négatifs, tu te sens impuissant. Ton équipe perd, toi tu as mal... Tu vois tout en noir. J'espère que tout cela est aujourd'hui terminé et qu'ensemble, nous allons réussir une bonne saison. J'en profite pour adresser un clin d'oeil à Mahamane Traoré, avec qui nous avons bossé dur. Il n'a pas encore repris, mais je pense fort à lui.

Ta blessure est survenue pile au moment du mercato...
Certains ont dû imaginer que ma blessure était diplomatique, je m'en doute. Mais je ne peux pas empêcher les gens de penser ce qu'ils veulent. Moi, je me suis contenté de travailler pour revenir au plus vite.

Des tribunes, voit-on les choses différemment ?
Pas vraiment. Nous travaillons déjà beaucoup à base de vidéo. Je connais ce point de vue.

L'OGC Nice en spectateur, ça donne quoi ?
Je suis comme tout le monde... (Il marque une pause) Quand les matchs sont moyens, je ne peux pas dire qu'ils sont bons. Oui, je vois certains motifs de satisfaction qu'un supporter ne va pas relever. Mais moi aussi, je prends surtout du plaisir à travers la victoire. 

« on n'a pas fait de magie »

L'Allianz Riviera ?
Pour le coup, j'ai vraiment pu apprécier. Un super stade, une superbe ambiance, des supporters irréprochables. On voit bien depuis n'importe quelle tribune. L'expérience d'un match procure beaucoup de plaisir. 

Outre les six points, qu'est-ce qui a changé ?
On n'a pas fait de magie. Mais on a élevé notre niveau de jeu. On a mis plus d'impact, donc remporté plus de duels. On a fait un gros pressing. Quand tu es solide et solidaire, c'est bien plus simple de mettre ton jeu en place. On ne s'est pas reposé sur notre qualité technique ; on s'est montré plus conquérant.

On a souvent tendance à faire la distinction entre une équipe joueuse et une bagarreuse...
Exact. Et c'est assez surprenant. Prenons le Barça qui a tout gagné ces dernières années. On l'assimile à la référence ultime en matière de jeu. Mais tout le monde oublie qu'avant tout, c'était l'équipe qui défendait le mieux. Qu'à la perte du ballon, les onze joueurs pressaient. Et c'est ce qui leur permettait d'avoir des temps de jeu derrière.

Avez-vous été trop vite jugés ?
Mais c'est normal... Quand l'équipe que tu supportes perd, tu es dégouté. Quand elle gagne, c'est génial. L'important reste que nous, joueurs, restions concentrés dans ce contexte. Ne pas se laisser emporter, ça fait partie du métier. Une saison est longue ; il nous appartient de la construire.

Y.F.

Retrouvez la deuxième partie de la grande interview de Didier Digard jeudi midi, sur www.ogcnice.com.