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Le récit d'une « Europe en Rouge et Noir »

« L’Europe en Rouge et Noir » est le sixième livre que Serge Gloumeaud consacre à l'OGC Nice, le deuxième concernant une campagne continentale. Comme en 2017, ce grand fan rouge et noir a traversé l'Europe pour suivre son club. L'occasion de découvrir l'ambiance électrique d'Amsterdam, de braver le froid de Moscou ou encore de vibrer dans la capitale italienne. L'auteur-supporter est revenu sur son expérience unique et sur sa manière de vivre sa passion débordante pour le Gym. Interview.

A quand remonte votre passion pour le club ?  
Je suis né avec. C’est mon père qui me l'a transmise. J’ai grandi au Ray, où mes parents m'ont laissé aller seul depuis mon plus jeune âge.

Lors de vos déplacements, vous vous imprégnez réellement de la culture du pays hôte ou de ses pays limitrophes, comme lors du déplacement au Pays-Bas où vous vous retrouvez à regarder un match de deuxième division allemande sous une tempête de neige...
Oui, j’aime profiter au maximum des déplacements, et j’essaye de retranscrire ce qui me marque. Bien sûr, il y a la culture hors foot, mais ce qui m’intéresse le plus, c’est la culture foot, la manière dont ils appréhendent les matchs, les relations avec les joueurs, les équipes. J’aime découvrir comment le Gym est perçu en lisant la presse locale ou en interrogeant des supporters adverses, quand c'est possible.

Vous avez notamment rencontré Pavel, un membre des « United South », un groupe de supporter du Lokomotiv Moscou.
J’ai eu la chance de sympathiser avec le responsable de ce groupe ultra. Ça s’est très bien passé et j’ai pu aller dans leur local, leur fief. Nous avons échangé sur pleins de sujets. Maintenant je suis les résultats du Lokomotiv comme eux suivent également les résultats du Gym ! 

Ce n'est pas courant...
Après un match, je suis capable de lâcher l’amertume de la défaite ou de l’élimination. Entretenir des relations chaleureuses avec les adversaires permet d'enrichir encore plus la culture du supporter. C’est pour ça que je ne me considère pas réellement comme un "ultra", car j’apprécie réellement d'échanger avec les adversaires. 

Vous rencontrez des supporters niçois un peu partout en Europe, comme l'Anglais Dave, qui a fait le déplacement à Amsterdam. Le Gym est-il un club suivi en Europe ? 
Beaucoup plus que ce que l’on pense. J'ai pu m'en apercevoir en Russie ou bien à Rome. La venue de joueurs comme Mario Balotelli, et le bon travail du club a permis de développer son image. L'OGC Nice est vu différemment depuis 3-4 ans.

Comment s'est passée la cohabitation avec les groupes de supporters adverses lors des déplacements ? 
Souvent on pense à l’opposition, à la violence. Or, nous n’avons eu aucun problème. Je regrette le déplacement annulé à Naples, car c'était un rêve pour la plupart d'entre nous. Il faut vraiment avoir des a priori sur les supporters pour les interdire. Quand j'ai dit aux supporters Moscovites que certains avaient peur de venir en Russie, ils étaient sidérés. Mon expérience le prouve : nous aurions pu organiser des déplacements en famille sans aucun problème. On a tendance à exacerber des oppositions qui n’existent pas. 

C’est ce que vous vous efforcez de démontrer dans votre livre...
Bien sûr. Les gens sont contents de voir des supporters adverses, niçois, français. Nous avons une bonne réputation. 

Si vous devez garder une image, un moment, de cette épopée européenne ? 
Il y en a plusieurs... Mais le déplacement à Rome était mythique. Je suis passionné par le foot italien et ses « tifosi ». Dans les années 90, le Calcio, c’était le summum. Le samedi, on allait voir le Genoa l'après-midi puis le Gym au Ray, le soir. A l'époque on était en D2. Alors quand je me suis retrouvé au Stadio Olympico, je me suis dit : « Mais on y est là, ça y est ! ». Je n'aurais jamais imaginé ça. 

De quoi êtes-vous le plus fier lors de ce voyage à travers l'Europe ? 
On a montré qu’à Nice il n’y a pas que du tourisme. Les Italiens, mais aussi les Russes ont été surpris par la quantité d’ultras à l’Allianz Riviera. Partout en Europe, même à Amsterdam par exemple, c’est des petits morceaux de tribunes mais ce n’est pas une tribune entière.

Ce dimanche c’est Nice - Marseille. Y-a-t-il un de ces derbies face à l'OM qui vous a marqué ?
La particularité de ces derbies, c’est que nous les gardons en mémoire. Souvent, ça nous ramène à des moments de notre propre vie. Je me souviens d’un Nice-Marseille au Ray, où nous avions gagné 2-1 ou 3-1, avec Joseph-Antoine Bell dans les cages. C’était au début de Canal+. Nous avions assisté au match avec des amis, et on l'a regardé une seconde fois en rentrant à la maison, car j'avais pu l'enregistrer. 

Que représente cette rivalité avec l'OM ?
C’est toujours le petit par rapport au grand, notamment au niveau médiatique. Quand on gagne, on est fier de battre le club du sud dont on parle tout le temps et qui fait de l’ombre à Nice. C’est une rivalité régionale. 

Robin Garcia

L'Europe en rouge et noir, collection JVB (à 15€ TTC sur www.jevoyageenballon.com)