Interview

Le Bihan : « J’ai perdu 3 ans, mais ce n’est pas la fin »

C’est une histoire de foot, une affaire d’homme. Ancien meilleur buteur de L2 arrivé au Gym à l’été 2015, Mickaël Le Bihan n’a jamais pu exprimer son talent dans la durée sur la Côte d’Azur. La faute à deux grosses blessures l’ayant frappé coup sur coup. Pourtant à 27 ans, le canonnier ne baisse pas les armes. Au contraire, il repart au combat de plus belle, les fers en l’air. Sûr de sa force, prêt à reprendre l’histoire où il l’a laissée. Et, surtout, prêt à aider le Gym dans sa quête de sommets. 

Mika, quand on te parle d’un Nice – Montpellier, qu’est-ce que ça t’inspire ?
C’est mon plus beau souvenir sur un terrain. L’année dernière (le 24 février), je revenais de 17 mois de galère, on perd (0-1), je rentre, j’égalise, je marque le 2e, on remporte les 3 points. C’était un retour parfait. C’était le feu...

Nous étions en février 2017. Nous sommes en avril 2018. Entre temps, une nouvelle période compliquée sur le plan personnel...
Fin mai (2017), j’ai un contact avec Patrick (Burner) sur le terrain, mon crampon reste dans la pelouse, ma jambe se plie, je me casse le péroné, ça gâche les deux derniers matchs de la saison dernière – le coach m’avait dit que je devais les débuter -, je passe les vacances en béquilles. A la reprise, le péroné va bien, par contre je ressens encore une douleur au tibia droit de la première blessure de 17 mois : les radios prouvent que ça a repété. On me reparle d’opération. Juillet, août, septembre : les autres recommencent la saison. Et pour moi, ça redevient très dur.

A quoi t’es-tu accroché ?
Quand j’ai rechuté, je me suis posé plein de questions : « Est-ce que je suis fragile ? Est-ce que je vais pouvoir reprendre le foot ? » Lorsque le chirurgien m’annonce qu’il va peut-être falloir opérer, je pense même arrêter. Au final, je relativise vite, je me dis que le foot, c’est tout ce que j’aime. Je pleurais à mon réveil de l’opération, j’en avais marre. Ma femme m’a énormément aidé. Les messages de ma famille, du club, des supporters aussi. Tout ce soutien m’a donné de la force. Je ne peux pas lâcher. Je n’ai pas le droit. C’est peut-être bête, mais j’ai eu en cadeau le livre de Djibril Cissé. Quand je vois les blessures qu’il a eues et ses retours, je sais que c’est interdit de baisser les bras. 

La suite ?
J’ai repris le travail et me revoilà. Il ne reste pas beaucoup de matchs cette saison, mais je suis heureux, parce que plus d’une personne m’enterrait. Je ne suis pas encore à 100 % mais au moins je suis là, je rentre, je me donne à fond. C’est le plus important. J’ai perdu 3 ans de ma carrière sur le terrain, mais ce n’est pas la fin. Ça m’a fait mûrir, maintenant je suis plus professionnel. Pour revenir, je ne me suis permis aucun écart, même pas un tennis-ballon avec mes potes dans le jardin. Peut-être que ça va me « servir » et me permettre de gagner quelques années de plus dans ma carrière.

Quand est-ce que ton corps te fait comprendre que c’est le moment de revenir ?
Ça, en général, on ne le sait pas trop (sourire). Quand on reprend, c’est plus le mental qui compte. Je courrais avec Bernard (Cora, préparateur physique en charge des blessés) et je lui disais : « C’est bon, je suis prêt, remets moi sur le terrain avec les autres ». Une fois que j’y étais, c’était autre chose... Puis au fil des entraînements, je suis vite parti voir le coach en lui disant qu'il pouvait me reprendre dans le groupe (grand sourire).

"Un bon but raccroc, un tacle ou un dégagement sur moi, pas de souci, je prends"

Et qu’est-ce qu’il t’a répondu ?
« Pas du tout Mika, vous n’êtes pas prêt, il faut faire des matchs en réserve ! » C’était vrai, dès mon premier match en N2, je me suis rendu compte qu’il restait du chemin. C’est compliqué, parce que tu veux écouter ton corps et ne pas revenir trop vite, mais ton cerveau te dit que tu as perdu assez de temps. J’ai été très bien entouré, que ce soit avec Alex (Dellal, entraîneur adjoint en charge de la préparation physique),Bernard, le staff médical… Grâce à eux, je pense avoir repris au bon moment. J’ai fait pas mal d’entraînements avec le groupe avant de rejouer en réserve. En N2, j’ai disputé 5 matchs, comme l’année dernière. Et maintenant, je suis revenu dans le groupe avec des meilleures sensations qu’il y a un an. Je suis « plus prêt ». C’est de bon augure.

Vient finalement cette entrée contre Rennes (le 8 avril)...
La coach m’envoie m’échauffer, j’y vais, je sens et j’entends que les supporters sont contents. Je n’attends qu’une chose, elle se passe : je rentre. Il y a 1-1, je me dis qu’il ne faut pas perdre le ballon, qu’il faut être performant, qu’il faut marquer, mais sans me mettre de pression, parce que je suis juste content d’être là. Je n’avais même pas touché mon premier ballon que j’entendais déjà le public chanter. C’était un grand bonheur.

Dans tes rêves, il est comment « ton but de retour » ?
Franchement, n’importe, tant que ça rentre (rires). Je ne veux pas mettre un beau but ou LE but qui sauve l’équipe, juste le but qui me permettrait de gagner encore plus de confiance pour la suite. Un bon but raccroc, un tacle ou un dégagement sur moi, pas de souci, je prends.

Retrouvez son interview en intégralité dans votre magazine de match :

A l'occasion de la réception de Montpellier ce dimanche (à 15h à l'Allianz Riviera), Mickaël Le Bihan fait la « Une » d'OGCNice.Mag, distribué gratuitement dans toutes les buvettes ainsi qu'au Café des Aiglons.

C. Djivas