Interview

Les attentes de Claude Puel avant Monaco

Cinq matchs séparent les Aiglons de la fin d'une saison « difficile mais formatrice », selon leur coach. A quelques heures des retrouvailles du public nissart avec le Louis II, Claude Puel livre ses attentes pour OGCNICE.COM.

Les défaites dans les arrêts de jeu sont-elles plus frustrantes ?
Elles font plus mal, oui. Elles se sont répétées quelques fois cette saison. Nous avons perdu trop de points dans les arrêts de jeu. Les circonstances étaient toujours différentes, mais les contenus méritaient souvent mieux. C'est très frustrant, mais il faut rebondir derrière.

Contre Lorient, votre défense n'a pas semblé très sollicitée...
Nous avons montré des intentions, nous n'avons pas fait un si mauvais match. Mais nous avons manqué de situations devant le but. Notre contenu méritait au moins le score de parité mais nous prenons deux buts évitables, deux frappes un peu surprenantes. En fin de match, peut-être aurions-nous dû nous contenter d'un point ? Mais devant notre public, nous avons voulu pousser, même dans les arrêts de jeu. Et nous nous sommes faits contrer.

Votre équipe est celle qui tire le moins au but cette saison. Comment l'expliquer ?
Nous avons traversé beaucoup de galères, ce n'est pas un secret. En raison de nombreux aléas, de blessures notamment, beaucoup de facteurs se sont déréglés. Défensivement, nous retrouvons actuellement de la cohérence et de la solidité. Mais dans notre jeu chez l'adversaire, nos situations, nos centres, nos frappes, nous avons une grosse marge de progression.

A côté, vous restez l'une des équipes qui tient le plus le ballon*...
C'est la preuve que nos intentions n'ont jamais changé. Notre niveau global, lui, a baissé. Tous nos joueurs n'ont pas encore retrouvé la plénitude de leurs moyens. Certains ont rechuté. Nous avons vécu beaucoup de périodes difficiles ; j'espère qu'elles s'avéreront formatrices.

« beaucoup de vécu en très peu de temps »

Le cœur du vestiaire achève sa deuxième année de vie commune...
C'est un noyau qui a vécu beaucoup de choses en très peu de temps. Il a montré beaucoup de fraicheur mentale et d'envie la saison dernière. Il a bataillé mais tout était à gagner. Puis il a eu du mal à confirmer cette saison. L'important sera de bien analyser individuellement et collectivement. Il faut peut-être passer par là pour gagner en maturité et donner de bonnes réponses pour la saison prochaine. Même s'il faut d'abord bien terminer l'actuelle.

A-t-on tendance à oublier la jeunesse de votre effectif ?
Je ne sais pas... Pas moi, en tout cas. C'est un effectif très jeune, oui. Il a donné beaucoup de plaisir aux supporters la saison dernière avec des prestations de grande qualité collective et individuelle. Cette saison, nous sommes un peu plus à la peine. C'est difficile à accepter mais j'espère que nous en sortirons grandis, que le groupe aura appris.

Avec ces jeunes, faut-il être plus tolérant ou exigeant ?
Le public veut toujours voir son équipe au plus haut niveau. Et l'entraîneur que je suis ne se satisfait jamais de ce que nous pouvons réaliser. Nous avons vécu énormément de choses : la fin du Ray, le passage à l'Allianz, des émotions, des blessures, des mauvaises séries, des matchs intéressants... Nous sommes passés par tous les sentiments. A défaut d'être riche de résultats, cette saison l'est en terme de vécu.

Votre retenue malgré les bons résultats l'an dernier prévenait-elle les difficultés de cette saison ?
C'est surtout que je suis un stabilisateur. Je me dois de calmer l'euphorie comme l'abattement. Il est important que nous restions cohérents, que nous sachions où nous en sommes. En football, tout peut aller très vite. Il faut le garder en tête.

Le public ne vous a jamais lâchés...
Il a été très important. Nous l'avons associé à nos problèmes, nous avons affronté beaucoup de choses ensemble. Et reprenons janvier : quelle autre équipe a commencé 2014 par cinq déplacements en six matchs ? Nous sommes allés deux fois à Nantes, nous avons pris Marseille à l'extérieur en coupe... Et encore, nous avons bien négocié cette période.

« Ramener des points de cette troisième manche »

Le déplacement au Louis II est peut-être plus attendu que le derby à domicile. Vos joueurs le languissent-ils ?
C'est un match attendu, oui. Notamment pour nos joueurs formés au club. Pour moi, ça reste d'abord une opportunité de trois points et d'aller chercher ce maintien qui n'est pas encore acquis. L'aspect derby est important, il va falloir être à la hauteur en terme d'investissement. Ce match sera la troisième manche. Nous avons été spectateurs de la première, acteurs mal récompensés lors de la deuxième. J'espère que nous serons acteurs et que nous ramènerons des points à Nice cette fois.

Vos souvenirs de Monaco - Nice ?
En tant que joueur, je n'ai pas vécu ces matchs avec une rivalité exacerbée. En revanche, lorsque j'étais pensionnaire du centre de formation, les derbys de l'équipe d'Onnis contre celle de Bjekovic représentaient beaucoup. J'ai le souvenir de matchs de haute volée avec une grande qualité de jeu.

Votre dernier match au Louis II reste très particulier : en qualifiant Lyon pour la Ligue des Champions, vous aviez envoyé Monaco en Ligue 2 et contribué au maintien du Gym...
Un sentiment très mitigé. D'un côté, j'étais très fier de ce que nous avions réalisé avec Lyon. Dix-huitièmes en septembre, nous avions atteint le podium et la qualification pour la Ligue des Champions malgré tout l'environnement négatif autour de l'équipe. Cette qualification était la réponse à donner. Et d'un autre côté, j'étais très malheureux des conséquences de ce match pour mon club formateur. J'ai passé 25 ans là-bas, c'était difficile à accepter. Quant au sauvetage de Nice, pour le coup, je n'en savais rien...

C'est la preuve que vous ne faites pas de sentiment...
Mon attitude est toujours très professionnelle. L'OGC Nice est dans mes pensées. Tous mes sens, toute ma réflexion ne sont axés qu'autour de mon équipe et pour elle. 

Qu'attendez-vous de vos joueurs pour ce match ?
Si on prend nos cinq derniers sorties (Bastia, Bordeaux, Paris, Saint-Etienne, Lorient), nous sommes présents dans le contenu. Et même s'ils n'ont guère été récompensés, je veux que mes joueurs continuent d'avancer avec le même degré d'exigence, de préparation. Ces points, ce derby, ce maintien, il va falloir aller les chercher.

Y.F.


*Avec 52% de possession moyenne, l'OGC Nice est la seule équipe de deuxième partie de tableau à garder autant le ballon.